quelques minutes de plus par jour qui pèsent lourd
Nombre de métiers de la FPT sont pénibles
physiquement et caractérisés par des horaires atypiques. Pour les agents
« C », qui les exercent, la hausse du temps de travail est d’autant
plus rude qu’ils sont restés mobilisés durant la pandémie.
Quatre
d'entre eux ont raconté leur quotidien à la Gazette.
Isabelle Dubois, Atsem à Cournon-d’Auvergne (420 agents, 20 200 hab., Puy-de-Dôme). Fondatrice du collectif Atsem national.
« Je travaille déjà 9 heures 45 par jour, sur 4 jours, pour une moyenne hebdomadaire de 42 heures. Je récupère donc des heures et cumule des RTT, mais ma commune envisage de supprimer 5 jours de congé. Nos journées, très denses, débutent à 7 h 30, à l’ouverture de l’accueil périscolaire. Ensuite, j’enchaîne toute la journée avec une pause de 20 minutes : déshabillage et habillage des enfants, désinfection des locaux, ateliers dans les classes. Il faut également s’occuper des petits qui sont malades ou ne sont pas encore propres. La surveillance des récréations et les repas sont des moments très bruyants. Il faut aussi porter les enfants, se baisser, déplacer des tables… Les troubles musculosquelettiques sont fréquents. Je ne sais pas si j’y arriverai encore à 65 ans. Je suis payée 1 515 euros nets par mois parce que j’ai deux enfants à charge, sinon ma paie serait de 1 300 euros. Nous retirer des congés me paraît injuste. »
Ludovic Bajut, éboueur à la Ville de Paris (2 000 agents au service de la propreté, 2,18 millions d’hab.). Adhérent de l’Unsa.
« Avec la réforme, pour compenser la perte de 8 jours de congé, je vais devoir travailler 6 minutes de plus par jour. Cela paraît peu, mais, mis bout à bout sur une année, c’est énorme. J’habite en Seine-et-Marne et je me lève tous les matins à 4 h 15 depuis dix ans pour prendre mon service à 6 heures dans le 17e arrondissement de Paris et terminer à 17 heures, trois jours par semaine. Quand on enchaîne six jours de collecte, on est cassé physiquement, la cadence est très soutenue. Nous pouvons ramasser jusqu’à 40 tonnes de déchets par jour ! Je travaille dans les odeurs, le bruit du camion, et je porte des charges parfois très lourdes quand je suis affecté aux encombrants. Peu importe la météo, nous sommes dehors, dimanches et jours fériés inclus. Ces conditions ont un impact sur notre santé : je viens de me faire opérer du tendon d’Achille. Ces jours de congé, nous en avons vraiment besoin pour récupérer. »
« La ville prévoit de supprimer 4 jours de congé, soit 18 minutes supplémentaires de travail par jour, pour nous. S’y ajoute l’ouverture de la médiathèque le dimanche, que nous refusons. Cela doit rester un jour de repos collectif, au risque de bouleverser l’équilibre de la vie personnelle, alors que nous travaillons déjà un samedi sur deux. Cette extension des horaires de la médiathèque est d’autant plus incompréhensible que nous sommes déjà ouverts 32 heures par semaine, tandis que les antennes de quartier le sont de moins en moins. Cet élargissement devrait plutôt favoriser le service de proximité. Au lieu de ça, les bibliothécaires doivent se déplacer dans ces antennes pour y apporter des livres, avec, à la clé, des problèmes articulaires dus au port de charges lourdes. »
Eric Cinçon, agent d’exploitation au Département d’Eure-et-Loir (2 000 agents, 432 000 hab.). Représentant de l’Unsa dans le Centre – Val de Loire.
« Cela fait plusieurs années que ma collectivité est aux 1 607 heures, hormis les deux demi-journées du président, à la veille de Noël et du jour de l’An. Nous espérons qu’elles ne seront pas retirées aux agents. En hiver, nous déneigeons les routes dès 4 heures du matin pour sécuriser la route. Nous intervenons si un arbre tombe, en cas d’accident, si l’enrobé d’une chaussée est à refaire. Nous grimpons à plusieurs mètres de hauteur en nacelle pour couper des branches, nous fauchons le bord des routes, ce qui peut être très dangereux. C’est un travail très physique et nous pouvons être appelés de jour comme de nuit, et intervenir durant les fortes chaleurs ou sous la neige. Nous tenons au maintien de ces demi-journées. Elles constituent une reconnaissance de notre travail et de notre investissement. »
NDLR : toutes ces interviews ont été réalisées mi-juin 2021. Certaines collectivités ont, depuis, délibérées sur le passage aux 1 607 heures.
lien vers l'article de la Gazette des communes ICI